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Universal Energy Movement

The Prosecution wants to get its hands on the millions of the guru

Genève mercredi 3 septembre 2010

Fati Mansour

L’argent, déposé en Suisse par feu Maître Dang, le fondateur du mouvement Energie Universelle et Humaine, sont au cœur d’un bras de fer judiciaire. Les disciples du gourou ont défilé devant le tribunal pour dire tout le bien qu’ils pensent encore de son enseignement.


Devant la justice


Il se faisait appeler Maître Dang, s’exprimait toujours en vietnamien et enseignait les principes de l’Energie Universelle et Humaine aux quatre coins du globe. Ce gourou au profil controversé, adulé par les uns, qualifié de charlatan par les autres, n’est plus de ce monde depuis le 12 août 2007 mais son argent est toujours bloqué sur des comptes en Suisse. Un pactole de 4,5 millions de francs sur lequel le procureur genevois Claudio Mascotto tente de faire main basse par le biais d’une confiscation. Les héritiers ne l’entendent pas de cette oreille.


Le Tribunal de police a vécu jeudi un étrange défilé. Une douzaine de disciples, cités par la défense des titulaires des comptes saisis, sont venus dire le plus grand bien de ce mouvement que le Ministère public n’hésite pourtant pas à qualifier de secte. Aux questions de Me Jean-Cédric Michel, les adeptes ont répondu avec une belle unanimité. Ce qui les a attirés dans ce cours de Spiritual Human Yoga ou d’Energie universelle, c’était la méditation, la recherche de soi, la volonté de grandir et d’aller plus loin. Et ils n’en ont tiré que du positif.


Jeunes et moins jeunes, femmes au foyer ou gestionnaires de fortune, Alémaniques, Romands ou Italiens, ces inconditionnels ont suivi – et suivent encore – l’enseignement de Maître Dang depuis une dizaine d’années. Ils seraient près de 800 000 de par le monde à avoir fréquenté et donc payé les cours. La veuve du gourou continue à prodiguer ces techniques dans un centre en Australie.


Jamais, assurent encore ces témoins, ils n’ont eu l’impression d’être trompé par ce «bienfaiteur de l’humanité», ni poussé à abandonner le recours à la médecine traditionnelle pour soigner les pires maladies à l’aide d’une injection d’énergie cosmique via les chakras.


Aux antipodes de ce portrait idyllique du sauveur désintéressé, le procureur dresse le profil sombre d’un escroc doublé d’un dangereux guérisseur. Pour ce faire, il peut s’appuyer sur la vie riche en rebondissements de Maître Dang et sur les nombreux manuels tirés de son enseignement, qui évoquent explicitement des soins par simple contact manuel.

Cette vie a commencé le 30 janvier 1942 dans un petit village du Vietnam. Durant la guerre, le jeune Dang Minh Luong prend les armes aux côtés des Américains. Il sera arrêté et torturé par ses compatriotes avant de parvenir à s’enfuir pour les Etats-Unis, où il développera ses talents de gourou non sans mentionner faussement dans son curriculum vitae des doctorats en médecine et en philosophie prétendument obtenus à Munich et Colombo.


Dès 1995, l’enseignement de Maître Dang est dispensé dans de nombreux centres en Europe, dont une vingtaine en Suisse. Lui-même est alors basé à Saint-Louis, dans le Missouri, et vient souvent en personne pour de grandes conférences. A Genève, une de ces réunions rassemble près de 1000 personnes à Palexpo et lui rapporte quelque 500.000 francs.


Maître Dang aime d’ailleurs bien la Suisse. Il y fait une demande de permis de séjour pour y prendre sa retraite et choisit d’y placer ses économies. Une procédure pénale pour escroquerie, usure, et exercice déloyal de la médecine lui fera prendre le large. Pas pour longtemps.


En janvier 2006, il est finalement arrêté et inculpé par un juge d’instruction genevois pour s’être fait passer pour un guérisseur aux pouvoirs surnaturels capable de soigner des maladies telles que le sida ou le cancer, d’avoir exhibé de faux diplômes, d’avoir organisé des cours payants contre les promesses de transmettre ses méthodes et d’avoir prétendu que les bénéfices de ses centres seraient destinés à des œuvres caritatives alors que des millions étaient déposés sur ses comptes ou ceux de ses proches.


En Belgique, Maître Dang connaît encore pire déconvenue. En avril 2006, en son absence, un premier tribunal le condamne lui et son bras droit à 4 ans de prison pour leur activité à la tête de cette secte. «Un procès en sorcellerie», dira aujourd’hui Me Michel. Maître Dang fait appel mais il décédera en Australie – où il a aussi obtenu la nationalité – avant que la Cour de Bruxelles ne tranche. La condamnation pour escroquerie de son acolyte est toutefois confirmée et la peine légèrement adoucie.

«Les faits concernent les sommes plantureuses que les adeptes crédules ont versées pour pouvoir suivre les enseignements de Dang Minh Luong, qui a fait usage de fausses qualités de docteur et employé des manœuvres frauduleuses pour persuader d’un pouvoir imaginaire», dit la décision belge. Et d’ajouter que l’absence de toute dénonciation de la part des adeptes n’enlève rien à cette réalité.


Ce dossier suffira-t-il à persuader également les juges genevois que l’argent saisi est bien le produit d’un crime astucieux dont personne ne s’est plaint? De quoi entrer en méditation.

 

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